Jacques Bonnadier, lettre aux amis…
… pour leur dire le plus grand bien du prochain livre de Gilles Ascaride : Zoé. Un chef d’œuvre de « l’Overlittérature » marseillaise.
Lorsque vous êtes, depuis la fin des années 1920, l’un des personnages de la trilogie célèbre d’un illustre académicien aubagnais, que, telle l’Arlésienne, l’on ne vous y a cependant ni vu ni entendu, que de surcroît votre nom même n’y a été cité que deux ou trois fois péjorativement, dans des répliques assassines qui laissent supposer de vous les pires infamies ; et qu’en plus, d’une certaine façon à cause de vous, toutes les Zoé du monde – car c’est ce beau nom synonyme de vie que vous portez – risquent aussi d’être injuriées par ce mépris, il est tout ce qu’il y a de plus naturel, de plus légitime et, pour tout dire, de plus moral que vous ayez envie de faire taire enfin les mauvaises langues des prétendues bonnes âmes… et de raconter vous-même votre histoire.
Eh bien ! figurez-vous, c’est ce qu’a entrepris de faire Zoé, l’âge venu ; Zoé Audibert, parfaitement, la sœur d’Honorade Canabis et de Claudette Soulon, la tante de Fanélie, oui la Fanélie qui fut l’amoureuse de Marcus Ollivier, le fils du bistrotier Césaire, enfin vous voyez de quoi je veux parler. Zoé vient de recevoir par la poste le faire-part du décès d’Honorade. Les obsèques ont lieu le lendemain à Saint-Victor. S’y rendra-t-elle ou non ? Elle hésite. Et en attendant elle se confie à son chat – Pompon il s’appelle, ça vous dit quelque chose ? – et elle lui raconte sa vie d’aventures, de métiers aléatoires, ses déceptions amoureuses, ses luttes sociales, ses engagements politiques, ses misères de toutes sortes, ses bonheurs aussi, petits et grands.
Zoé, la « petite fille très jolie, très coquette et qui ne pensait pas à mal » et qui s’est forgé une sacrée personnalité loin d’une famille qui l’a déconsidérée, soutenue (de loin) par la seule tendresse bourrue du vieux Césaire, Zoé se raconte donc, enfin ! dira-t-on, et elle le fait par la plume virtuose d’un maître écrivain et auteur dramatique, Marseillais celui-là, pas le moins du monde académicien : le fort peu académique Gilles Ascaride.
Son court roman, Zoé, publié par les éditions du Fioupélan, sera en librairie le 9 novembre. Précipitez-vous d’aller le commander ! Il est drôle, tendre, grave, souvent poignant, d’une humanité bouleversante et tout du long séduisant par son écriture-même, dans un parler marseillais éblouissant de justesse et de vérité. Son préfacier, Jean Contrucci – qui a récemment marqué spectaculairement son passage à « l’Overlittérature » avec son « récit homérique » de La vérité vraie sur la fondation de Marseille – dit du texte de son collègue que c’est « l’un de ses meilleurs, l’un de ses plus prenants ». Et si c’était son chef d’œuvre ? Moi, je risque le mot. Et en tout cas, je vais vous dire : l’Ascaride, il n’a ici rien à envier à l’académicien célèbre et il a drôlement bien fait de lui chiper astucieusement la « Zoé » de sa trilogie ! Pour lui rendre enfin justice et dignité. Parfaitement !
* Zoé, de Gilles Ascaride, préface de Jean Contrucci, couverture de Melchior Ascaride. Éditions du Fioupélan, collection Overlittérature. 70 pages.